Au cours de la pandémie, nombre de salariés ont découvert la généralisation du télétravail. Ce mode d’organisation de l’activité semblait au départ faire l’unanimité. Les employeurs s’avouaient surpris du maintien, voire de la hausse de la productivité ; les salariés, quant à eux, y trouvaient de nombreux avantages : réduction du temps passé dans les transports, diminution de la fatigue, meilleure articulation des temps de vie.
Mais ce plébiscite semble avoir pris du plomb dans l’aile. Un peu partout dans le monde, la tendance s’oriente désormais vers le retour au bureau. Un phénomène que les anglo-saxons ont déjà baptisé du sigle RTO, pour « Return to office ». L’impulsion a été donnée il y a quelques mois par plusieurs entreprises de la tech et notamment Amazon, Google, Meta ou Zoom. Dans ce dernier cas, le paradoxe est criant, puisque via son service de visioconférence, Zoom a été un acteur particulièrement important du développement du télétravail -enregistrant au passage une ascension fulgurante. De nombreux secteurs d’activité ont emboîté le pas.
Alors pourquoi un tel revirement ? La raison en tiendrait principalement à l’émergence de doutes quant à la productivité effective des salariés en télétravail. Une récente étude conjointement menée en Inde par le MIT (Massachusetts Institute of Technology) et l’UCLA (l’Université de Californie) atteste que le télétravail à temps plein engendre une diminution de 18% de la productivité, ce qui serait surtout dû à l’absence d’interactions entre les salariés. L’isolement et la sédentarité complètent le diagnostic. Qu’importe que cette étude n’ait été menée que dans un seul pays ou que d’autres études la contredisent : le phénomène est lancé et semble parti pour durer.
Or, les salariés concernés sont en grande majorité très opposés à ce retour au bureau. Certains d’entre eux ont même profité de la généralisation du télétravail pour déménager, attestant avoir gagné dans l’affaire une meilleure qualité de vie. Dans le cas d’Amazon, la colère a été telle qu’au mois de mai, les salariés ont organisé une grève et manifesté devant les locaux de l’entreprise, situés à Seattle. 20 000 d’entre eux ont également signé une pétition, sans succès.
Alors, nombre d’entreprises françaises vont-elles suivre le mouvement ? Ce n’est pas certain et pour cause : la France est plutôt réfractaire en matière de télétravail. Selon une étude de l'institut IFO et de Enconpol Europe, pour une moyenne mondiale située autour de 0,9 jour de télétravail par semaine, la moyenne française atteindrait 0,6%. Pour autant, les salariés français aspireraient à davantage de jours télétravaillés et désireraient atteindre la moyenne américaine de 1,4 jours. Les entreprises se laisseront-elles convaincre ?
Affaire à suivre !