Plus encore de ceux qui au forfait jours, c'est-à-dire les deux tiers, échappent à toutes références horaires dans le décompte de leur temps de travail.
Tous ces cadres devront-ils travailler plus qu'ils ne le font déjà, et pour pas plus ? Devront-ils travailler au-delà des limites maximales prévues à ce jour par loi, à savoir 218 jours par an ? Devront-ils accepter une dégradation supplémentaire de leur condition de travail alors même que l'intensification des rythmes et les exigences de performance trouvent quotidiennement leurs limites dans les entreprises ?
Devront-ils renoncer à leurs jours de RTT et se voir une fois de plus proposer par un marché de dupes, leur rachat ?


Le récent sondage Les Echos - LH2 montre que les cadres sont toujours autant attachés au 35 heures. Ceux-ci ont la possibilité de gagner plus en travaillant plus grâce au rachat de RTT. Or, selon ce sondage 81% d'entre eux n'ont pas recours à ce dispositif. Ce résultat est d'ailleurs plus élevé pour les cadres que pour les salariés en général (79% ).
L'Apec révèle par ailleurs dans son enquête mobilité que 86% des cadres considèrent la réduction du temps de travail comme ayant un impact positif sur l'équilibre entre leur vie privée et professionnelle.


Donc, une chose est sûre, les cadres n'entendent pas renoncer à la réduction du temps de travail, ni à son aménagement. Les 35 heures n'ont pas été la panacée, mais les accords conclus sont aujourd'hui des acquis sur lesquels les cadres n'entendent pas revenir.
Ils travaillent déjà plus d'heures qu'ils ne le souhaitent, sans pour autant disposer du temps nécessaire pour exécuter correctement leur travail.


Ils cherchent à pouvoir exercer leur activité sans devoir se plier à un management d'un autre temps. Un management où le présentéisme est considéré comme la mesure idéale de la performance, où les horaires sans fin investissent la sphère privée, où chacun est conduit au seuil de son incompétence par des charges de travail incompressibles, des objectifs irréalistes, non négociés et imposés unilatéralement par les directions.
Tout cela ne se justifie plus. A ce rythme, les cadres auront vite fait de renoncer à la fidélité de leur entreprise, à se lasser et à perdre toute motivation voire une grande partie de leur potentiel et de leurs capacités de performance.


C'est d'une amélioration du temps de travail dont les cadres manquent le plus souvent et non de temps de travail. Ce constat n'excluant bien évidemment pas l'urgence d'une véritable reconnaissance salariale de leur investissement professionnel.


Ne nous leurrons pas. Le véritable défi est celui de la croissance économique, du plein emploi, de l'innovation, de la recherche et du développement dans un modèle de justice et de progrès social.


En aucun cas nous ne serions accepter les conditions d'une servitude volontaire où l'abrutissement serait la mesure de toute chose.