Le forfait jours : une intensification du travail pour les cadres
Une part importante des cadres est soumise au régime du forfait jours, un mode de calcul du temps de travail qui repose sur un nombre annuel de jours travaillés plutôt que sur une durée hebdomadaire en heures. En 2015, ce dispositif concernait près d’un cadre sur deux (46,8 %). Ces salariés affichent une durée hebdomadaire de travail moyenne de 46,6 heures, bien au-delà des 40,3 heures enregistrées chez les non-cadres.
Si ce mode d’organisation offre une plus grande autonomie, il entraîne également des risques en matière de surcharge de travail et d'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Une enquête réalisée dans le cadre de ce rapport révèle que 59 % des salariés ayant expérimenté le forfait jours estiment qu’il ne contribue pas à un meilleur équilibre entre travail et vie privée, principalement en raison d’une charge de travail excessive et d’amplitudes horaires trop importantes.
Le télétravail, entre flexibilité et risques d’isolement
Le télétravail a connu une expansion significative ces dernières années. Avant la crise sanitaire, 11 % des cadres le pratiquaient régulièrement, une proportion qui a fortement augmenté avec la pandémie. En 2022, 19 % des salariés déclaraient télétravailler au moins une journée par semaine.
Si le télétravail offre une souplesse accrue dans l’organisation du travail, il pose aussi des défis en matière de conditions de travail. Le rapport souligne notamment les risques d’isolement, l’intensification du travail et l'affaiblissement du collectif. Afin d'accompagner ces transformations, les partenaires sociaux sont appelés à renforcer la prévention et l’encadrement du télétravail pour garantir de meilleures conditions aux salariés concernés.
La réforme des retraites et ses conséquences sur les carrières longues
Le relèvement de l’âge légal de départ en retraite à 64 ans, acté dans la réforme de 2023, suscite de nombreuses critiques, notamment de la part des organisations syndicales. Dans sa contribution au rapport, FO a notamment pointé du doigt le maintien dans l’emploi prolongé des salariés dont la santé peut être affectée par une carrière marquée par une forte intensité de travail.
Ce recul de l’âge de départ concerne également les victimes d’accidents du travail ou de maladies professionnelles, pour lesquelles l'âge est passé de 60 à 62 ans, ce qui aggrave la situation des salariés en incapacité permanente.
Un fonds pour la prévention des risques professionnels, mais des limites dénoncées
La création du Fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle (FIPU), doté d’un milliard d’euros sur cinq ans, vise à financer des actions de sensibilisation, de formation et de reconversion pour les salariés exposés aux risques ergonomiques.
Toutefois, FO a critiqué la portée limitée de ce dispositif, qui ne prend pas en compte les risques psychosociaux comme le stress ou la charge mentale, pourtant fortement présents chez les cadres. De plus, FO regrette que ce fonds soit principalement un soutien financier aux entreprises sans véritables mesures de contrôle ni de sanction en cas de non-respect des obligations en matière de prévention.
Autres contributions de FO
Face à ces constats, FO demeure particulièrement vigilante sur l’évolution des conditions de travail des salariés, y compris des cadres. L’organisation continue à militer pour une véritable politique de prévention des risques professionnels et un contrôle accru des dispositifs existants. Elle insiste sur la nécessité de prendre en compte l’ensemble des facteurs de pénibilité, y compris les contraintes psychologiques et organisationnelles, souvent sous-estimées dans les politiques publiques actuelles.
Lien vers le rapport : urlr.me/nYvpGs