Les arrêts maladie pour épuisement professionnel représentent, en 2023, 15 % de l’ensemble des arrêts maladie, et 22 % des arrêts maladie de longue durée.
Force est de constater que ces situations d’épuisement restent difficiles à appréhender par les cadres eux-mêmes, mais aussi par leur entourage professionnel ou familial.
La frontière entre le fort investissement et la performance - deux valeurs cardinales pour les cadres - et le surinvestissement est parfois infime. D’autres éléments-clés de l’identité cadre comme la flexibilité horaire, une grande disponibilité à l’entreprise favorisent également l’épuisement professionnel.
La grande majorité se disent investis dans leur travail (95 %), la plupart sont prêts à se surpasser pour dépasser les objectifs (85%) ou à travailler les soirs et week-ends (68 %). Cet investissement important les expose, surtout pour les cadres managers, à des risques psychosociaux tels qu’un stress intense (64 % des cadres managers VS 54 % de l’ensemble des cadres) ou un sentiment de faire face à une charge de travail insurmontable (65 % vs 55 %).
En outre, les signes avant-coureurs, tels que la fatigue persistante ou la perte de motivation, restent difficiles à détecter et peuvent être interprétés comme des "passages obligés" dans un environnement de travail exigeant.
Source : Apec – janvier 2025
Les recommandations FO-Cadres
- Pour les entreprises : prévenir et accompagner l’épuisement professionnel
- Promouvoir l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle
Mettre en œuvre des politiques facilitant des horaires de travail raisonnables, garantir le droit à la déconnexion et encourager les congés pour un réel temps de repos. - Renforcer le rôle des représentants du personnel
Associer les représentants du personnel à la prévention des risques psychosociaux et leur donner les moyens d’alerter efficacement en cas de situation critique. - Former les managers à détecter et prévenir l’épuisement
Offrir des formations spécifiques pour aider les managers à repérer les signes d’alerte et adopter des pratiques de gestion favorisant le bien-être de leurs équipes. - Proposer un accompagnement personnalisé
Faciliter l’accès à un médecin du travail ou à des dispositifs comme des cellules d’écoute psychologique, en valorisant ces services auprès des salariés. - Créer une culture d’entreprise bienveillante
Favoriser un climat où les salariés se sentent libres de parler de leurs difficultés, sans crainte de stigmatisation ou de jugement, tout en valorisant le soutien collectif.
- Recommandations pour les cadres : préserver leur santé mentale
- Consulter un professionnel de santé
En cas de fatigue persistante, de perte de motivation ou de stress intense, ne pas hésiter à consulter un médecin généraliste, un psychologue ou le médecin du travail pour un diagnostic et un accompagnement adapté. - Se tourner vers les représentants du personnel
Faire appel aux délégués syndicaux ou au CSE pour obtenir un soutien et signaler des conditions de travail problématiques. - Prendre du temps pour soi
Prioriser des activités hors du cadre professionnel, comme des loisirs, du sport ou des moments de détente, pour recharger ses batteries et mieux gérer la pression. - Parler de ses difficultés
Échanger avec des collègues de confiance, des proches ou un professionnel (coach ou thérapeute) pour sortir de l’isolement et bénéficier de conseils ou de soutien moral. - Écouter les signaux d’alerte
Ne pas minimiser les symptômes comme la fatigue chronique, l’irritabilité ou la perte d’intérêt, et agir dès les premiers signes pour éviter que la situation ne s’aggrave. - Réévaluer ses priorités
S’interroger sur son rapport au travail et ajuster ses objectifs professionnels afin de privilégier un équilibre entre performance et bien-être. Apprendre à dire non lorsque la charge de travail devient excessive, éviter de répondre systématiquement aux sollicitations hors des horaires de bureau, et prioriser les tâches réellement importantes.
Le Blue Monday, bien qu’il soit une création artificielle, offre l’occasion de réfléchir aux véritables enjeux de santé mentale au travail, notamment pour les cadres. L’épuisement professionnel peut être prévenu et surmonté grâce à des actions conjointes des entreprises et des salariés. Promouvoir un environnement de travail sain, repérer les signaux d’alerte et encourager le dialogue sont des leviers clés pour instaurer une culture professionnelle durable, centrée sur le bien-être. En adoptant une approche proactive, chacun peut contribuer à faire du travail un lieu d’épanouissement plutôt qu’une source de souffrance