Un accès freiné dès la formation

Dès le choix d’orientation, les jeunes filles se dirigent moins souvent vers les filières scientifiques et informatiques. En 2022, elles représentaient 44 % des diplômés en masters scientifiques, mais seulement 23 % dans les spécialités informatiques. Cette tendance s’explique par une perception négative de ces filières : 62 % des lycéennes estiment qu’être une fille dans une école d’informatique ou d’ingénieur est difficile en raison du sexisme ambiant.

Les stéréotypes de genre et les représentations masculines de ces métiers jouent un rôle dans ces écarts d’orientation. Une majorité de lycéennes considère que les femmes diplômées d’écoles d’ingénieurs sont moins reconnues que leurs homologues masculins. L’environnement scolaire et les mécanismes d’orientation influencent aussi ces trajectoires différenciées.

Des cultures masculines marquées

La faible proportion de femmes dans le numérique a contribué au développement d’une sous-culture masculine qui peut se montrer excluante. La « culture Bro », inspirée des codes du jeu vidéo et du hacking, renforce un esprit de compétition et d’entre-soi masculin, où les références et interactions restent largement genrées.

Cette ambiance peut s’accompagner de comportements sexistes. L’étude Gender Scan révèle que 46 % des femmes du secteur du numérique ont été victimes de propos discriminants, humiliants ou menaçants liés à leur genre, contre 38 % dans les autres secteurs. Par ailleurs, 26 % rapportent des situations de harcèlement moral et 8 % de harcèlement sexuel.

Un plafond de verre bien ancré

Les écarts de rémunération entre hommes et femmes existent aussi dans le numérique. Le salaire médian brut annuel des cadres masculins du secteur informatique s’élève à 54 000 €, contre 50 000 € pour les femmes. Mais au-delà de la rémunération, l’accès aux postes à responsabilité reste limité : seuls 22 % des postes de direction dans le numérique sont occupés par des femmes.

Les entrepreneuses du secteur rencontrent également des difficultés pour financer leurs projets. D’après le baromètre Sista-BCG, les femmes lèvent en moyenne 1,6 fois moins de fonds que les hommes. Lorsqu’elles s’associent avec un cofondateur masculin, cette somme est 3,4 fois plus importante que lorsqu’elles s’associent avec une autre femme.

Un taux d’abandon élevé en milieu de carrière

Les femmes du numérique quittent le secteur à un rythme plus élevé que les hommes. En milieu de carrière, près d’une femme sur deux quitte la Tech, soit un taux deux fois supérieur à celui des hommes. Parmi les raisons évoquées : le manque de reconnaissance, un sentiment d’isolement, ainsi que des conditions de travail exigeantes, incluant une forte disponibilité et une charge mentale élevée.

Cette pression se traduit aussi par un risque accru d’épuisement professionnel. La nécessité de se former en permanence et la culture du travail en dehors des horaires classiques compliquent la conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle, un enjeu qui pèse encore majoritairement sur les femmes.

Des initiatives pour améliorer la mixité

Face à ces constats, les entreprises du numérique développent des actions pour favoriser l’inclusion des femmes. Elles soutiennent des associations et des programmes de formation dédiés à la féminisation du secteur. Certaines mettent en place des politiques internes, comme la formation des managers à la diversité, le mentorat, ou encore l’identification active de profils féminins lors des recrutements.

D’autres mesures visent à améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle : horaires de réunion encadrés, blocage des mails en soirée, congés parentaux plus longs ou encore facilités pour le télétravail. Ces dispositifs cherchent à rendre les carrières numériques plus attractives et accessibles aux femmes.

L’Apec accompagne ces dynamiques en soutenant des initiatives pour la mixité des emplois dans le numérique. Son programme Novapec appuie notamment le projet FEMA, porté par Social Builder, qui vise à aider plusieurs milliers de femmes à intégrer ce secteur. L’objectif est de contribuer à un changement durable en agissant à la fois sur la formation, l’insertion professionnelle et l’évolution des carrières féminines dans le numérique.

 

Lien vers l’étude : urlr.me/XY8KfF