Récemment, l'économiste Pierre Jacquet a exploré dans un article des Échos les implications de l'intelligence artificielle générative (IAgen) sur l'économie et la société. Un point crucial abordé par celui-ci concerne la répartition des bénéfices économiques de l'IAgen. Il interroge : « Le défi majeur demeure la répartition des gains attendus : vont-ils profiter à l'emploi ou seulement aux innovateurs et aux investisseurs ? ». Il rappelle que dans l’ouvrage "Power and Progress", les auteurs « mettent en garde contre la tentation de substituer l'innovation au travail au lieu de l'utiliser pour rendre ce dernier plus productif et mieux rémunéré. Dans ce cas, la productivité moyenne augmente, mais pas la demande de travail ni sa rémunération. »
L’économiste insiste également sur l'importance de ne pas laisser les trajectoires d'utilisation de l'IAgen être uniquement définies par les intérêts financiers, soulignant que les luttes sociales historiques ont souvent été nécessaires pour corriger des répartitions initialement inégales des gains technologiques.
Enfin, il est crucial de réévaluer les mesures de productivité et de croissance économique à la lumière des défis environnementaux tels que le changement climatique et la transition énergétique. Pierre Jacquet plaide pour une réorientation des bénéfices de l'IAgen vers une croissance économique durable et responsable, mettant en avant l'importance cruciale de politiques publiques cohérentes et de débats informés pour guider cette transition.
L’avis de FO-Cadres : Avec l’essor des SIA, trois niveaux différents de création de valeur sont envisageables : éthique, économique et social. Toutefois, souvent, l’IA est évaluée uniquement par sa rationalité économique instrumentale, se traduisant en gains de productivité et d'efficacité dans les processus économiques. Selon Goldman Sachs Research, l’IA générative pourrait augmenter le PIB mondial de 7 %, soit près de 7 000 milliards de dollars de richesse supplémentaire.
L’urgence de rééquilibrer les rapports de valeur au profit des dimensions éthique et sociale ne doit pas pour autant conduire à ignorer les enjeux autour de la valeur économique créée par l’IA. Aux côtés de la question centrale de prévoir les impacts indéniables de l’IA en matière d’emplois, la question de la juste redistribution des gains de productivité de l’IA doit également être posée. Tout comme l’urgence d’adapter notre système fiscal aux défis économiques posés par l’IA (concentration et transfert de valeur vers les grands acteurs de l’économie numérique) pour en saisir les bénéfices économiques et soutenir des politiques industrielles au service de l’innovation et de l’emploi et financer les investissements publics et privés notamment dans le cadre de la transition écologique.
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