Interview de François-Xavier Selleret
Directeur général de l'Agirc-Arrco
10/07/2015
Pouvez-vous nous exposer les raisons pour lesquelles les régimes Agirc et Arrco sont actuellement en situation déficitaire ?
François-Xavier Selleret : Le constat fait l’objet d’un diagnostic partagé. Dans le contexte d’une croissance économique atone et d’une augmentation des charges due au départ à la retraite des papys-boomers, les résultats des régimes, déficitaires, ne présentent pas de perspectives de retour à l’équilibre en l’absence de mesures nouvelles décidées par les partenaires sociaux, lors de leurs négociations qui se poursuivront à l’automne.
F.-X. Selleret : À l’horizon 2020, le besoin de financement est estimé à 8,4 milliards d’euros. Sans nouvelles mesures, les réserves de l’AGIRC seront épuisées fin 2017 et celles de l’ARRCO en 2025, quant à celle de l’ensemble AGIRC-ARRCO en 2023. Il s’agit d’un horizon court pour des régimes de retraite. Des mesures, en particulier pour l’AGIRC, sont nécessaires pour pouvoir redonner visibilité et confiance dans nos régimes aux retraités et aux cotisants, en particulier les jeunes générations.
Il est important de replacer les régimes dans les conditions de l’équilibre. Actuellement, les déficits des régimes sont compensés par les réserves que les partenaires sociaux ont su constituer mais il ne s’agit pas d’une situation durable. En aboutissant à un accord qui redonne les perspectives d’un équilibre, les partenaires sociaux démontreraient la capacité de la gestion paritaire de continuer à exercer ses responsabilités et à assurer l’équilibre d’un système de protection sociale dans un contexte de faible croissance.
L’accord de 2013 avait déterminé un programme de travail portant sur la rationalisation des coûts de gestion et le maintien de la qualité de service, quelles sont les mesures qui ont déjà été prises en ce sens et quels sont les résultats qui ont été obtenus ?
F.-X. Selleret : Nos régimes doivent perpétuellement s’adapter pour répondre au plus près aux besoins des clients. La crise économique a accentué les besoins de mutation et la nécessité de renouveler nos pratiques. Réactifs et ambitieux, les partenaires sociaux ont pris des mesures volontaristes destinées à abaisser les coûts de gestion des institutions. Ainsi, les régimes de l’AGIRC et de l’ARRCO s’inscrivent dans la mutation engagée dans un certain nombre d’autres régimes de protection sociale et dans le développement des projets inter-régimes mis en œuvre par le GIP Union Retraite.
Différentes mesures sont déjà rentrées en vigueur. Pour les entreprises, la désignation d’un seul groupe par département et bientôt le regroupement des adhésions au sein d’un seul groupe représentent des progrès considérables de simplification qui se répercuteront sur le service offert aux actifs. Demain, un regroupement similaire aura lieu pour les allocataires relevant de plusieurs GPS.
Sur la trajectoire de réduction des dépenses de gestion fixée à 300 millions d’euros d’ici 2018, 40 % ont déjà été réalisées : loin de baisser la garde, nous allons poursuivre l’effort pour atteindre les objectifs qui nous ont été fixés.
Quels sont les chantiers restants pour parvenir à cet objectif coût/qualité ?
F.-X. Selleret : Les chantiers sont encore nombreux dans le cadre de la recherche d’efficience qui nous anime. Ils supposent de ne négliger aucun gisement d’économies mais de toujours améliorer le service client, en nous appuyant par exemple sur les possibilités offertes par le digital et les nouvelles technologies. Le service client est au cœur de la stratégie fédérale de groupe AGIRC-ARRCO, associant les fédérations et tous les groupes de protection sociale.
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