Des difficultés tout au long de la grossesse
Plus largement, l’ensemble des étapes de la grossesse peuvent s’avérer difficiles pour les femmes cadres. Par exemple, le moment de l’annonce au manager est souvent vécu par les femmes cadres comme un exercice angoissant. Certaines évoquent même un sentiment de mauvaise nouvelle à annoncer ou une sensation de trahison. Situation d’autant plus éprouvante que leurs parcours professionnels au sein de l’entreprise peuvent être impacté par la façon dont l’entreprise reçoit cette information.
Au-delà de l’annonce en elle-même, la considération des entreprises à l’égard de la maternité n’a que très peu évolué au fil du temps. Bien que cette situation relève de la pure logique, elles semblent toujours l’appréhender comme un problème à régler. Elles déploient dès lors très peu de processus d’anticipation et d’aménagements (accompagnement, remplacement…). Pire encore, nombre de femmes cadres déclarent continuer d’être plus ou moins connectées à l’entreprise, ce qui s’inscrit à l’encontre des dispositions légales. Dès lors, rien d’étonnant à ce que ces salariées puissent ressentir un certain sentiment d’appréhension au moment de reprendre le travail.
Le retour au travail
Dès les premiers jours, les femmes cadres sont confrontées à un nouveau paradigme. Pour l’entreprise, la reprise du travail s’apparente à un retour à la normale. Or ce n’est pas le cas. Durant leur absence, certains paramètres ont évolué. Elles doivent rattraper ce retard et retrouver des automatismes, le tout en conjuguant leur activité professionnelle avec leur nouveau statut de mère. Or, ce dernier induit un bouleversement des priorités. La charge mentale qui en découle est très forte : 71 % des femmes cadres ayant vécu un retour de congé maternité dans les dix dernières années parlent de la difficulté à faire face à leur charge de travail malgré la fatigue.
Cet état de fait se trouve aggravé par les difficultés pour les femmes cadres à retrouver leur place à leur ancien poste, ce dont 44% d’entre elles témoignent. D’autant que seules 35% d’entre elles ont été remplacées. Quand elles l’ont été, elles ne retrouvent pas forcément le poste qu’elles occupaient avant leur départ. Il en résulte un sentiment d’injustice et de dévalorisation. La salariée cadre a l’impression d’être devenue étrangère dans son entreprise, risque accru en cas de congé parental long.
Des impacts sur le long terme
Ces impacts semblent ne pas se limiter aux premiers jours du retour. Il peut perdurer bien au-delà. D’autant que la parentalité, elle, n’est pas non plus un état temporaire, surtout si d’autres enfants sont envisagés. Les perspectives pour la carrière des femmes cadres en pâtit, certaines décidant même de ne pas réintégrer leur entreprise à l’issue du congé maternité.
74% des mères cadres considèrent ainsi que la parentalité ralentit la progression hiérarchique et ce pour plusieurs années et 78% qu’une femme qui a eu des enfants est pénalisée dans son évolution professionnelle. Dès lors, certaines de ces femmes témoignent d’une nette réduction de l’intérêt qu’elles portent à leur carrière, même si pour la majorité d’entre elle, cette situation est subie.
Volontaires ou non, des négligences importantes
71% des femmes cadres qui reprennent le travail après un congé maternité estiment que leur entreprise ne s’implique pas suffisamment pour favoriser le retour des femmes au travail. Dans les petites structures, les obligations légales et conventionnelles semblent ne pas toujours être connues. Mais plus généralement, l’importance de l’étape du retour est négligée (absence d’entretien de retour omission de transmission des nouveaux codes d’accès, absence de débriefing des changements qui ont eu lieu pendant le congé maternité, absence de formation pour les nouveaux supports et logiciels informatiques…). Certaines mères cadres déclarent même ne plus être mises au courant des décisions stratégiques, comme s’il leur fallait « payer » leur congé maternité !
Par ailleurs, les entreprises semblent peu prendre en compte le nouveau statut des cadres devenues mères. Elles semblent remettre en question leurs capacités de travail et cela se traduit par une surveillance accrue, des pertes de flexibilité horaires, une demande de présentéisme voire une infantilisation ! Quant au tabou de l’allaitement, il est encore loin d’être levé. L’Apec souligne les récurrents manques de locaux adaptés, voire des situations de stigmatisation de la part des collègues ou de la hiérarchie.
Un constat particulièrement alarmant !
Lien vers l’étude : https://urlz.fr/pveD