Des systèmes énergivores mais des opportunités

Le rapport met en lumière que les systèmes d’IA, notamment les modèles génératifs comme ChatGPT, consomment dix fois plus d'énergie qu'une simple recherche sur Google. À titre d'exemple, l’entrainement d’un modèle comme GPT-4 nécessiterait l'équivalent énergétique de 5 000 foyers américain. Le CESE estime par ailleurs que les systèmes d’IA pourraient consommer entre 4,2 et 6,6 milliards de mètres cubes d’eau d’ici 2027, un chiffre préoccupant​.

L’empreinte environnementale de l’IA ne doit donc pas être sous-estimée. Toutefois, elle peut également contribuer à la gestion des ressources et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Elle permet notamment d’optimiser l’efficacité énergétique des bâtiments ou de prédire la qualité de l’air. Dans le secteur agricole, l’IA aide à mieux gérer l’irrigation des cultures et l'alimentation des animaux. 

Les effets rebonds et la gestion de l'empreinte

Le rapport souligne le risque d'effet rebond : bien que l’IA améliore l’efficacité énergétique, l'accroissement d'usages peu utiles pourrait entrainer une surconsommation. Ces effets risquent de contrebalancer les bénéfices écologiques attendus de l'IA.

Parmi les recommandations du CESE, il est donc suggéré que la France porte le sujet au niveau international (imaginant, par exemple, la mise en place d’un sommet IA basé sur les COP), en insistant sur l’importance de développer des IA frugales et à visée environnementale. Sur le plan national, le CESE préconise d’inclure des formations sur l’écoconception dans les cursus d’ingénieurs, de créer un "Écoscore" pour évaluer l’empreinte environnementale des IA, et de responsabiliser les entreprises et les pouvoirs publics sur ces questions.

Le rôle des centres de données et les préconisations du CESE

Les data centers sont particulièrement visés par le CESE, qui préconise des mesures immédiates pour limiter leur impact : zéro artificialisation nette des sols, usage d’énergie décarbonée, et récupération de la chaleur fatale générée par ces centres. Des projets comme celui de Meta en Espagne, consommant d’énormes quantités d’eau, sont dénoncés comme contre-productifs pour la transition écologique.

Le CESE appelle également à la création d’un cadre législatif strict pour éviter des dérives environnementales et sociales liées à l’IA. Cette régulation doit être alignée sur les objectifs de développement durable des Nations Unies, et la France pourrait jouer un rôle de leadership dans cette régulation au niveau européen.

La formation et la recherche au cœur du changement

Le CESE souligne la nécessité de concentrer les financements publics sur des projets d’IA "Green" et "for green" pour encourager la recherche vers des systèmes d’IA respectueux de l’environnement. Cela implique notamment de soutenir des technologies capables de minimiser leur consommation de ressources dès la conception.

Représentée par Béatrice Clicq (Secrétaire Confédérale, secteur Égalité et Développement Durable) et Hervé Quillet (Secrétaire général FO-Chimie), FO a salué le travail effectué et a voté en faveur de cet avis.

Lien vers l'avis du CESE : urlr.me/4zdY7