Dans un monde où la dématérialisation de l'économie conduit chaque jour à remettre en cause le principe de l'unité de temps et de lieu, le télétravail qui concerne un peu moins de 10% des salariés français connaît aujourd'hui un essor certains.


[protected]Pour FO cette évolution qui s'inscrit dans le processus continu de métamorphose du travail exige que la mise en oeuvre du télétravail fasse l'objet de négociations collectives pour assurer une normalisation des garanties et des protections du salarié indispensables à un développement équilibré de cette nouvelle forme d'organisation. Sur ce plan la prise en compte de la diversité des situations rencontrées dans les différents secteurs d'activité est essentielle. De la même manière qu'il est essentielle quand la situation l'impose de revenir sur les supposés avantages, encore incertains mais toujours avancées par les entreprises à l'image des gains de productivité et des économies escomptés qui restent difficiles à chiffrer et si souvent surévalués.


Si le télétravail peut permettre de réduire le temps des déplacements, de gagner en efficacité et d'organiser relativement le travail pour une meilleure articulation du rapport vie professionnelle et vie privée il convient d'être prudent sur les avantages d'une telle organisation du travail. Les efforts d'organisation requis par le travail peuvent s'avérer très contraignants et les difficultés pratiques sont alors sous-estimées. C'est pourquoi avant tout forme de contractualisation, l'entreprise doit obligatoirement informer le dit salarié des modalités particulières d'organisation du télétravail ainsi que des éventuelles difficultés que le salarié peur rencontrer dans sa vie privée. Car bien que la possibilité de travailler à son domicile hors de son bureau en centre urbain peut apparaître comme une aventure séduisante et plus reposante, la suppression toute relative de la perte de temps et du stress liés au trajet domicile / travail peut bien souvent laisser place à un surcroît de fatigue et de stress lié à l'isolement du salarié. Et nombreux sont les télétravailleurs qui avouent fréquemment dépasser les horaires auxquels ils se limiteraient en étant dans les locaux de la société.


De plus le télétravail exige d'avoir un accès à toutes les applications et informations nécessaires où que l'on soit. Pour apporter une réponse toujours plus rapide aux besoins du client et rester en contact avec l'entreprise tout en poursuivant les objectifs qui lui sont attribués, le télétravailleur doit communiquer et échanger des informations sur l'évolution de son propre travail et celui de ses collaborateurs. Cette implication supérieure et ces échanges plus soutenus liés à un besoin de formalisation des process qui alimentent les ressources de l'entreprise en termes de connaissances, de compétences et de savoir-faire peuvent en l'absence de régulations adaptées accroître de manière excessive la charge de travail et renforcer la flexibilité et la réactivité au travail.


Le télétravail peut constituer un atout incontestable pour satisfaire les salariés ou attirer de nouveaux talents voire fidéliser des salariés. Cependant il fait encore l'objet de nombreuses inquiétudes notamment en ce qui concerne l'application des dispositions relatives aux accidents du travail, au contrôle du temps de travail, à la fourniture et à l'utilisation de l'équipement.


Conscient de l'enjeu dans un monde du travail en pleine mutation, FO s'est particulièrement investie dans ce dossier. Lors des différentes phases de négociation, du niveau européen à l'accord national interprofessionnel, FO-Cadres a proposé une série de recommandations pour permettre une meilleure transcription de la directive européenne dans le cadre de la négociation au plan national. L'objectif recherché étant de renforcer le caractère volontaire du télétravail et d'étendre le principe de la clause de réversibilité à l'ensemble des télétravailleurs, d'améliorer le volet des conditions d'emploi, la prise en charge de l'équipement par l'employeur et les conditions d'une organisation du travail adaptée ainsi que la défense des droits collectifs.


Reste qu'aujourd'hui la première des urgences est de renforcer la protection de ces salariés en insérant des dispositions particulières dans les conventions collectives de branches pour à la fois prendre en compte la spécificité des secteurs d'activités, des métiers et bien évidemment d'assurer une couverture conventionnelle de tous les salariés télétravailleurs qu'elle que soit la taille de l'entreprise. Cette étape est selon nous primordiale pour assurer en vertu du principe de faveur un cadre de référence précis pour des négociations d'entreprise et accompagner au mieux le développement du télétravail.[/protected]