Les jeunes diplômés interrogés ont effectué leurs stages avant la mise en place de l'interdiction des stages hors cursus et avant l'obligation de gratification des stages de plus de deux mois. Elle apporte ainsi un éclairage sur les réelles habitudes des employeurs avant qu'une législation vienne harmoniser les pratiques.


D'après cette enquête, 43% des jeunes interrogés ont effectué un stage de moins de trois mois, 14% un stage de 6 mois ou plus. Près de la moitié des stages n'ont pas été gratifiés. Moins d'un tiers ont été gratifiés à plus de 700 euros par mois. Concernant les stages de 6 mois ou plus, les 2/3 ont été gratifiés à 400 euros ou moins et 1/3 à plus de 700 euros.
Ce sont les étudiants de master et de grandes écoles qui font les stages les plus longs et les plus rémunérateurs. Dans la Fonction publique, 2/3 des stages ne sont pas gratifiés.


L'enquête classifie les stages en cinq catégories selon leur « qualité » et leur durée. Un stage de qualité est un stage gratifié, dans lequel l'étudiant a des contacts très fréquents avec son tuteur de stage et qui permet d'utiliser les connaissances théoriques acquises en cours. 38% des stages correspondent à cette catégorie. 6% des étudiants ont effectué des stages de catégorie 5 dits « facultatifs », c'est-à-dire non prévus par leur formation. Ces stages pourraient s'apparenter à des stages hors cursus même si l'enquête reste assez vague sur ce point.


Les caractéristiques individuelles des étudiants telles que l'origine sociale ou l'origine des parents n'a semble t'il aucun impact sur l'accès à de « bons » stages.
En revanche, une inégalité se constate pour les étudiantes : toutes choses égales par ailleurs, elles ont une probabilité plus faible d'accéder à un stage formateur et rémunérateur.


Enfin, même si l'enquête apporte peu d'éléments sur l'utilisation abusive des stages, la multiplication des stages en fin de parcours dits « facultatifs » montre que le stage s'est institutionnalisé comme un « sas » par lequel les jeunes diplômés seraient obligés de passer avant d'accéder à l'emploi. En effet, les étudiants ayant effectués de stages facultatifs à l'issue de leurs études ont, 3 ans après, une meilleure rémunération que les autres. Effectués des stages non obligatoires est ainsi perçu par les employeurs comme un signe de motivation et de dynamisme. Ceci corrobore l'idée que l'insertion professionnelle des jeunes quels que soient leurs niveaux de diplômes passe essentiellement par des emplois précaires.


Du chemin reste à parcourir avant que les jeunes diplômés aient la possibilité d'accéder au marché du travail de manière juste et équitable.