Avec plus de 2,6 millions de chômeurs, un pic inégalé depuis 2006, le chômage poursuit sa hausse et frappe durement les jeunes. En juillet 2009, 455 400 jeunes de moins de 25 ans étaient inscrits en fin de mois à Pôle Emploi en catégorie A soit une augmentation de 32,7% par rapport à juillet 2008 contre 25,6% pour l'ensemble de la catégorie A.

Une situation qui n'épargne pas les jeunes diplômés confrontés également à un marché du travail qui se rétrécit, des emplois qui se raréfient et des conditions d'embauche qui se dégradent. Seuls six jeunes sur dix trouvent un premier emploi stable un an après l'obtention du diplôme contre 82% un an auparavant.
Globalement, ce sont les diplômés d'écoles d'ingénieurs qui accusent le recul le plus sévère. 72% d'entre eux occupent un emploi (-16 points par rapport à 2008). Cette évolution ne modifie pas pour autant la hiérarchie des diplômes. Les taux d'emploi les plus élevés reviennent aux étudiants d'école de commerce et de gestion (73 %) et les plus faibles à ceux de l'université (61%).

Côté emploi, l'année 2009 est plus que mauvaise pour l'insertion. Entre janvier et août 2009, les offres ont chuté de plus de 38%. Et pour couronner le tout, 54% des jeunes ont signé un contrat à durée indéterminée (CDI) contre 61% l'année précédente. 64% d'entre eux ont accédé au statut de cadre contre 70% en 2008 pour un salaire médian en diminution de 3,4%.

Avec ou sans diplôme, les jeunes sont traités en variables d'ajustement à la conjoncture. Leur entrée dans la vie active est synonyme de chômage mais aussi de précarité. Selon l'INSEE, 6% de la population française vit sous le seuil de pauvreté. Chez les 6,5 millions de jeunes de moins de 25 ans, ce taux s'élève à 25%.

Aux difficultés d'emploi s'ajoutent celles du logement. Les loyers ont été augmentés de 40% de 1998 à 2009. Avant même l'entrée dans le monde du travail, les conditions de vie des étudiants se dégradent. Alors qu'on constate une chute continue de la valeur des bourses universitaires, les dépenses obligatoires des étudiants (frais d'inscription, tickets universitaires) ont augmenté de 41% depuis le début des années 2000. Quant aux aides publiques, selon l'Unef, elles n'ont augmenté que de 13% dans la même période.

Entre CDD à répétition, stages « presse-citron », bas salaires et logements chers, leur entrée dans le monde du travail ressemble plus à un parcours du combattant qu'à une réelle insertion professionnelle.

Une situation anxiogène tant l'exposition à l'incertitude et aux risques de licenciement ne cesse d'augmenter et se traduit non seulement par une baisse des salaires relatifs des jeunes les moins qualifiées, mais par une relégation toujours plus croissante de ces derniers sur les emplois les moins protégés.

Sans compter que les jeunes d'aujourd'hui gagnent beaucoup moins bien leur vie que leurs parents aux mêmes âges, alors qu'ils ont en moyenne fait plus d'années d'études que leurs aînés. Des inégalités à l'origine de frustrations et de désillusions chez un nombre croissant de jeunes et qui risquent d'engendrer un fossé générationnel de plus en plus marqué.

Quant aux emplois qualifiés, leur croissance est moindre au regard des effectifs de diplômés, avec pour conséquence que de plus en plus de jeunes porteurs de titres scolaires n'accèdent pas aux emplois auxquels ils pouvaient prétendre. Ce phénomène renvoie à un décalage entre les aspirations que le système d'enseignement produit et les chances qu'il offre réellement. Dans un contexte de chômage croissant et d'élévation du niveau d'embauche, de plus en plus de jeunes se trouvent donc relégués au salariat d'exécution.

Après trois années 2006-2008 très favorables pour les jeunes diplômés et des conditions d'emploi en 2008 jamais atteintes auparavant, les recrutements de jeunes diplômés au statut de cadre chuteraient en 2009 à 25 000 embauches contre 47 900 en 2007 et 44 500 en 2008 ( Apec 2009 ).

De manière générale, l'ampleur du phénomène est à la dimension du comportement générale des entreprises vis-à-vis des jeunes. Un comportement où l'habitude des entreprises de recourir à une noria de stagiaires déjà diplômés s'est imposée au détriment de l'accueil systématique de jeunes pour accroitre leur qualification, un pari sur l'avenir que peu d'entreprises relèvent. Les chiffres en témoignent : depuis le début de l'année, 72 873 contrats d'apprentissage ont été conclus soit 22% de moins par rapport à l'année précédente ; quant aux contrats de professionnalisation, 48 791 l'ont été soit 37% de moins sur un an. Il faut ajouter à cela l'effet des politiques managériales où les formes de gestion et d'organisation à l'oeuvre laissent de moins en moins de place aux jeunes. De restructurations en multiplication de niveaux de sous-traitance, la recherche effrénée de gains de productivité restreint l'espace et le temps formateur pour les jeunes dans l'entreprise.

Sans compter enfin, l'inefficacité des dispositifs de politiques en faveur de l'emploi des jeunes et que les mesures prises par le gouvernement, d'une part le non remplacement de fonctionnaire (22 900 postes supprimés en 2008, 30 529 en 2009 et 35 000 en 2010) et d'autre part le maintien de la loi TEPA qui encourage le recours aux heures supplémentaires en lieu et place de création d'emploi, ne font qu'aggraver.

Consciente de la situation dramatique que traversent un nombre croissant de jeunes, FO continue d'agir pour que les mesures déployées notamment par les pouvoirs publics ne se résument pas à un traitement superficiel. Une exigence indispensable si l'on veut saisir à bras le corps la question de l'avenir des jeunes.

Aussi depuis janvier 2008, l'enseigne Zara France du groupe Inditex expérimente sur l'Île de France un projet d'insertion professionnelle débouchant sur un véritable emploi en CDI pour cinq groupes de jeunes en situation de précarité rencontrés par le biais des missions locales de Paris.
Partie prenante dès le départ, la section FO de Zara France ainsi que la Confédération FO se sont associées à cette expérience originale qui atteint déjà un taux de réussite de 60% et a permis par ricochet, la transformation de 400 emplois temps partiel en CDI temps plein. Une initiative payante que Jean-Claude Mailly, Secrétaire général de Force Ouvrière et Jean-Jacques Salaün, Directeur général de Zara France ont défendu à l'occasion de la visite sur le site de Fadela Amara, Secrétaire d'Etat à la Politique de la Ville.

Du côté des stages, la participation active de FO-Cadres au sein du Comité de suivi des stages tout comme sa décision d'interpeller l'ensemble des parlementaires sur ce dossier, ont permis d'obtenir dans le cadre du projet de loi relatif à l'orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie, la gratification des stages dès deux mois et l'interdiction des stages hors cursus.
Certes, il ne s'agit là que d'un premier pas dans la reconnaissance du statut des stagiaires, mais un pas suffisant pour nous convaincre de continuer d'agir pour renforcer la protection sociale et collective de ces derniers. Une détermination que les cadres FO entendent mettre à profit pour obtenir lors de prochaines discussions avec le MEDEF l'ouverture de droits à la retraite pour les stagiaires.

Au sein de l'Apec, nos administrateurs FO-Cadres ont pu agir en direction des jeunes diplômés en défendant dans le cadre des orientations stratégiques, le renforcement de l'accompagnement des jeunes diplômés. L'objectif étant de les aider, tant qu'ils sont étudiants, dans leur choix d'orientation professionnelle et faciliter leur insertion une fois diplômés. Les efforts ont porté sur des actions concrètes pour que les jeunes puissent bénéficier le plus en amont possible des informations concernant les réalités du marché de l'emploi et être en meilleur posture pour préparer leur projet professionnel et puissent continuer de bénéficier des services de l'Apec en privilégiant deux axes : le développement de la fréquentation des centres répartis sur le territoire et un accès à un site internet Apec dédié pour permettre un accompagnement plus complet à destination des jeunes diplômés qui rencontrent des difficultés plus grandes d'insertion. Les administrateurs FO-Cadres ont également été porteurs dune action spécifique en faveur des jeunes diplômés des banlieues et des zones urbaines sensibles. Cette action a notamment débouché au recrutement de 20 jeunes diplômés en CDD intégrés au sein de l'Apec à une équipe de « Développeurs Premier Emploi » afin de favoriser le lien entre l'Apec et les jeunes diplômés de banlieues.

Plus globalement, les actions de FO-Cadres visent à intégrer les problématiques générationnelles à celles plus transversales du monde du travail en général et de l'entreprise en particulier. Ce qui suppose de démontrer quotidiennement une capacité d'écoute, d'action et de résultat, notamment pour des jeunes cadres qui s'interrogent bien souvent sur l'opportunité d'une éventuelle adhésion au regard d'un engagement sociétal socialement plus valorisé et moins risqué. Cela concerne particulièrement les entreprises où l'activité syndicale demeure encore un crime de lèse majesté, une preuve de suspicion, de déloyauté qui pèse fortement sur les carrières des plus jeunes.

Enfin il s'agit d'offrir aux jeunes un accès à une information syndicale critique et nécessaire au décryptage de leur environnement professionnel. Ce qui suppose aux côtés des revendications salariales classiques, de renforcer celles afférentes à l'organisation du travail, à l'évolution des technologies, à la santé, à la reconnaissance professionnelle, au droit à la formation et à la qualification, à l'évolution de carrière et au respect de l'équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle.

Répondre aux attentes des jeunes c'est alors construire avec eux les réponses à leur besoin de reconnaissance de leurs compétences, de leurs efforts, mais plus encore de leur place dans la société en général et dans le monde du travail en particulier pour éviter la marginalisation de ceux qui construiront l'avenir dont dépendra également le niveau des retraites... Alors oui, il y a urgence et nécessité d'un plan Marshall pour la jeunesse. Il faut créer une allocation minimale d'existence versée inconditionnellement à partir du moment où les parents n'ont plus obligation de subvenir. Il s'agit d'une mise à l'abri du besoin vital sans laquelle l'esprit ne peut être disponible. Si ventre affamé n'a pas d'oreille, esprit occupé à survivre n'a pas d'entendement.

Outre à l'école, à l'université, le plus de moyens possibles doivent être dédiés à la recherche, l'innovation et la prospective...et permettre d'installer pleinement la jeunesse dans la société de la connaissance. Car là est le gisement de la prospérité. C'est au bout de cet effort qu'apparaîtra la nécessité de travailler autrement et de sortir de l'idée fausse qu'il suffirait de travailler toujours plus et plus longtemps pour accroître les richesses.