Les difficultés liées au double-projet
Si certains sportifs de haut niveau envisagent leur après-carrière très tôt et amorcent très tôt un double projet (à savoir celui de poursuivre leurs études en parallèle de leur carrière), nombreux sont ceux à témoigner a posteriori d’une certaine amertume. Ils décrivent un parcours solitaire, très peu accompagné, y compris par les instances sportives elles-mêmes.
Autre difficulté : les horaires d’entrainement, souvent incompatibles avec des études supérieures. C’est pourquoi les parcours de reconversion des SHN se révèlent assez longs, et se déroulent généralement en deux phases : intégration d’une structure 100% sportive autour de 18 ans, puis reprise volontaire des études autour de 25.
Mais lorsqu’il est question de poursuivre au-delà d’un bac+2, les difficultés reprennent : l’encadrement sportif n’encourage souvent pas la démarche, considérant que deux années au-dessus du bac suffisent à trouver un emploi à la fin de la carrière.
Sportifs et formation professionnelle
L’Apec dresse un portrait de quatre parcours type : les « Les études d’abord », les « Changeurs de cap », les « Multicursus » et les « Reconvertis tardifs ». Si pour chacune de ces catégories, des facteurs facilitant la reconversion existent (milieu familial, structures d’accompagnement, soutien financier ou aides publiques), ils ont aussi leurs inconvénients (tensions avec les entraineurs, difficulté à trouver la bonne filière, longue interruption des études…)
L’étude ajoute qu’il est nécessaire de trouver une meilleure synergie et surtout, d’apporter plus de visibilité aux SHN en matière d’acteurs de la formation professionnelle. Si la loi « Braillard » de 2017 a instaurer des dispositifs de protections des sportifs de haut niveau, ces actions semblent trop isolées et ne pas bénéficier à l’ensemble de ces sportifs, notamment en fonction de la fédération ou des instances de leur discipline.
Des compétences qui ne sont pas toujours reconnues
Les entreprises, quant à elles, semblent d’ailleurs plutôt réticentes à embaucher des SHN. Si certaines d’entre elles n’hésitent pas à franchir le pas, une majorité resterait « frileuse » à cette idée. Déficit d’expérience, obtention tardive du diplôme ou difficultés à reconnaitre l’expérience acquise au cours d’une carrière sportive semblent pour l’heure l’emporter sur les capacités de résilience, de gestion de l’échec ou la force de travail inhérentes aux SHN.
C’est pourquoi l’Apec propose par la suite une liste très complète de métiers cadres pouvant être effectués par des sportifs de haut niveau en fonction de leurs compétences. À titre d’exemple et bien que d’autres savoir-faire doivent être acquis en parallèle, les capacités d’analyse d’informations, de travail en équipe, d’adaptabilité et de résilience pourront tout-à-fait être transférées dans les métiers de data scientist, d’ingénieur ou de consultant en maitrise d’ouvrage.
L’étude propose enfin 5 pistes d’amélioration du processus de recrutement des sportifs de haut niveau vers des métiers de cadres : une sensibilisation systématique à l’importance de mener un double projet sportif et universitaire, offrir régulièrement des services d’orientation adaptés, renforcer les synergies et la visibilité des organismes de formation, enrichir l’offre de formation disponible et accompagner les SHN de façon plus proactive.
Ainsi, nos sportifs n’auront-ils plus qu’à briller lors des Jeux Olympiques !
Lien vers l’étude : https://urlz.fr/qp8f