Un marché du travail en mutation

La crise sanitaire de 2020 a bouleversé l’insertion professionnelle de nombreux jeunes. Durant le premier confinement, le taux de chômage des jeunes diplômés a augmenté de 3 points en moyenne, atteignant 21 % en mai 2020 pour l’ensemble de la génération 2017. Cette hausse, bien que limitée par les mesures étatiques telles que le chômage partiel, a frappé plus durement les non-diplômés (54 % au chômage) que les diplômés de l’enseignement supérieur long (9 %).

Ces inégalités dans l’accès à l’emploi reflètent une polarisation accrue du marché du travail. Les secteurs en tension, comme la santé, ont vu un surcroît de travail, alors que d’autres, comme l’hébergement-restauration, ont connu des interruptions massives.

L’accès au statut cadre : disparités et barrières

Pour les jeunes diplômés du supérieur, l’accès au statut cadre demeure une étape cruciale mais semée d’obstacles. Trois ans après leur entrée sur le marché du travail, 41 % des diplômés en lettres, sciences humaines et sociales n’occupent toujours pas un emploi cadre, contre 26 % des diplômés d’écoles de commerce et 9 % des ingénieurs. Ces écarts révèlent non seulement des différences dans les opportunités sectorielles mais aussi des freins structurels liés à l’alignement entre les qualifications et les emplois.

Par ailleurs, les jeunes femmes diplômées accèdent moins fréquemment à des postes de cadre que leurs homologues masculins, notamment dans des secteurs historiquement marqués par une sous-représentation féminine.

Conditions de travail : télétravail et surcharge

La crise a exacerbé les différences dans les modalités de travail. Si 77 % des diplômés de niveau bac+5 et plus ont eu recours au télétravail durant le confinement, seulement 6 % des non-diplômés y ont accédé. Ce télétravail, pourtant perçu comme un avantage, s’est accompagné d’une surcharge pour 69 % des cadres concernés, notamment dans l’enseignement et les activités juridiques.

D’autre part, les jeunes cadres ont été plus nombreux à déclarer une dégradation de leurs conditions de travail (42 %), en raison de l’intensification des charges ou des congés imposés.

Mobilité professionnelle : vers un repositionnement

Entre mars 2020 et début 2021, 37 % des jeunes en emploi au début de la crise ont quitté leur poste. Parmi eux, 72 % ont retrouvé un emploi, mais 20 % se sont retrouvés au chômage. Ces transitions illustrent une instabilité accrue, particulièrement pour les cadres des secteurs privés, où la demande fluctuante a pesé sur les stratégies de recrutement et de rétention.

Dans le secteur public, en revanche, les cadres ont bénéficié d’une plus grande stabilité d’emploi, mettant en avant les spécificités et protections offertes par ce domaine.

Le rôle des dispositifs d’accompagnement

L’étude souligne enfin l’importance des politiques publiques dans l’accompagnement vers l’emploi. Les dispositifs comme la Garantie Jeunes, remplacée par le Contrat d’Engagement Jeune, ont permis à certains profils vulnérables de maintenir une insertion sur le marché du travail, bien que leurs effets demeurent limités en période de crise.

Lien vers l’étude : urlr.me/Dawv8g