En 2022, 8,8 millions d'arrêts maladie ont en effet été recensés en France, contre 6,4 millions en 2012, ce qui représente une hausse de 37,5%. Selon la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), le coût de cette augmentation atteindrait 14 milliards d’euros.
La CNAM donne trois explications principales à cette hausse des dépenses :
- Un vieillissement de la population active (qui est donc plus sujette à la maladie),
- Une hausse des salaires qui augmente de facto les indemnités à verser,
- La baisse du chômage, qui implique d’indemniser davantage de cas. Sans compter l’explosion des dépenses liées à la pandémie de COVID-19, entrainant des velléités d’économies de la part de l’Assurance maladie.
Pour remédier à la question, le Gouvernement opte donc pour un contrôle plus strict. L’Assurance maladie a contacté 5 000 médecins parmi ceux qui prescrivent le plus d’arrêts-maladie, leur proposant un « temps d’échange au sujet des prescriptions d’arrêts de travail ». Pour ceux qui ne changeraient pas leurs pratiques, une mise sous accord préalable pourrait être envisagée. Chaque arrêt prescrit devrait alors être validé par l’Assurance maladie. Et en fin de parcours, ces praticiens pourraient perdre la convention qui les lie à l'Assurance Maladie.
Nombre de praticiens déplorent déjà une « chasse aux sorcières » et déclarent se sentir stressés par ces mesures. D’autant qu’ils témoignent du bien-fondé de leurs décisions, arguant de l’augmentation du nombre de patients souffrant de harcèlement, de burn-out ou de troubles musculo squelettiques.
D’autres mettent dans la balance les coûts liés au présentéisme. En effet, bien que le coût réel de ce phénomène soit difficile à évaluer, les conséquences qu’il engendre ne sont pas négligeables : augmentation du stress, diminution de la productivité, maladies de plus longue durée quand le salarié ne s’est pas arrêté aux premiers symptômes… L’ensemble de ces facteurs masque donc une addition elle aussi très salée et, contrairement aux arrêts maladie, financée exclusivement par l’entreprise elle-même.
Il est à noter que les cadres occupent une part non-négligeable de l’augmentation des arrêts de travail. Entre les seules années 2020 et 2021 la part de cadres en arrêt au moins une fois dans l’année est passée de 25% à 34%, soit une augmentation de 36%, souvent pour des motifs psychologiques.
Quoi qu’il en soit, nul doute que l’offensive du Gouvernement sur les arrêts-maladie va susciter bien des polémiques. La rentrée s’annonce animée !