Le 1er janvier 2024, l’application i.Avocat sortait sur l’AppleStore. Disponible sur Android et Ios, ce système d’intelligence artificielle de type génératif (tel que ChatGPT) propose une aide juridique en ligne disponible 7/7 et 24/24.

Au cours de son instruction, i.Avocat explique avoir été entraîné « sur une vaste base de données regroupant tout le système juridique français : École du barreau, École nationale de la magistrature toutes les lois et tous les codes qui existent. »

Autant dire que sa mise en service a fait l’effet d’une bombe. Car l’objectif de l’application n’est rien de moins que de remplacer les avocats. Le système s’inscrit donc dans la dynamique de l’IA potentiellement destructrice d’emplois, et ce à l’heure où la Conférence de Bletchley vient d’entériner la volonté des États de lutter contre les effets « potentiellement dramatiques » des systèmes IA.

Par ailleurs, comme pour tout algorithme, la sécurisation des données constitue un point crucial. Pour « m’adapter à ton profil, à tes antécédents et à ta situation sociale pour te fournir les meilleurs diagnostics et solutions possibles », i.Avocat devra recueillir de la part des utilisateurs un très grand nombre de données personnelles sensibles, dont BFM révèle qu’elles seront par la suite traitées par une société immatriculée à Dubaï. 

i.Avocat coche décidément toutes les cases des problématiques liées à un développement non-contrôlé des systèmes d’intelligence artificielle : des avocats ont d’ores et déjà relevé des erreurs dans les retranscriptions de l’algorithme (sur X, Me Eolas relevait récemment que « Pour seulement 149 euros par an, elle vous invente des lois, comme la loi du 30 juillet 2020 sur le protoxyde d'azote qui n'existe pas. »

C’est l’ensemble de ces problématiques qu’FO-Cadres a récemment pointé dans son Plaidoyer sur l’intelligence artificielle, appelant notamment à bâtir des référentiels sectoriels afin de renforcer la sécurité et d’encourager une innovation éthique et responsable, la sécurité des systèmes, la transparence algorithmique, la robustesse, la résilience des dispositifs et le respect des droits fondamentaux.

Dès le 4 janvier, le Barreau de Paris a mis en demeure les concepteurs d’i.Avocat, les enjoignant à clôturer l’activité dans un délai de 24h. Lettre restée morte à ce jour.